Depuis son engagement en 1983 (et ayant participé — pendant les dix années qui suivirent — au sein du Comité officiel), la Société porte un très grand intérêt à l’enceinte urbaine de Dinan — monument majeur de notre cité — ainsi qu’à ses abords immédiats : douves, jardins et contrescarpe (Petits et Grands-Fossés). Elle soutient bien sûr le projet en cours sur l’axe Nord des remparts.
Les Remparts au fil du temps… depuis 100 ans
22 mars 2024 – Pascal Destouches
Le 17 mai 1925, il y a 99 ans, Henri Durand est élu maire de Dinan. Cela fait alors 39 ans que les Remparts (terme englobant l’enceinte, les tours et les portes) ont été classés « Monument historique », le 12 juillet 1886. A partir de cette date, on n’y a plus touché, on n’a plus rien détruit, mais Henri Durand hérite d’une situation catastrophique :
- Une première brèche a été effectuée dans les remparts pour laisser passer le « Grand Chemin » (actuelle rue Général de Gaulle), permettant d’éviter la montée du Jerzual, en 1781,
- puis une deuxième, au bout de l’actuelle rue de la Garaye, pour faciliter l’accès à la très importante fontaine de l’Ecuyer, en 1807,
- enfin, une dernière pour le percement de la rue Michel, en 1853.
Quant à la Porte de Brest, elle a succombé sous les coups de Jean-Marie Peigné, propriétaire du journal « L’Union libérale », en 1881.
Si on ajoute à cela que la quasi-totalité des remparts a été « aliénée », c’est-à-dire vendue à des particuliers, que de nombreuses officines se sont installées à leurs pieds, bénéficiant ainsi de leur protection, et que l’ensemble n’a bénéficié d’aucun entretien, on a une vision à peu près complète de la situation des Remparts, il y a 100 ans.
Avril 1929 : dans son rapport annuel, Henri Durand écrit : « Nous avons poursuivi le dégagement des remparts en procédant à des acquisitions partout où cela nous a été possible, aux environs de la porte de St-Malo et du Jerzual, mais surtout auprès de la promenade des Petits Fossés ».
17 juillet 1932 : l’événement le plus marquant de la mandature de son successeur, Michel Geistdoerfer, est la réouverture de la Porte du Guichet, condamnée depuis l’époque de la Ligue et du duc de Mercœur, vers 1593 !
La guerre et l’après-guerre vont faire passer la question des Remparts en lointaine priorité… Une longue parenthèse commence, jusqu’au début des années 1960. Les choses vont changer avec l’arrivée d’Yves Blanchot à la mairie en 1965.
1965-1970 : longues négociations entre la Ville et Alfred Guillemot, patron de la société « Les Magasins des Côtes-du-Nord », propriétaire du magasin « Les Dinannaises », pour « le dégagement des Petits-Fossés entre le jeu de boules et le Moulin à Pommes ». En effet, en 1965, les Petits-Fossés sont d’abord occupés par la très active UBD (Union bouliste dinannaise). Puis, débordant largement sur les Petits-Fossés, une construction en pierre, haute de deux étages, est accolée à l’arrière du magasin « Les Dinannaises ». Un mur vient ensuite clôturer la parcelle dont le magasin est propriétaire.
Les discussions entre la Ville et Alfred Guillemot aboutissent en 1970. Une convention est signée entre les deux parties aux termes de laquelle la société « Les Magasins des Côtes-du-Nord » s’engage à abattre, à ses frais, l’édifice dépassant de l’alignement des remparts et les murs délimitant la propriété. De son côté, la ville prend en charge l’enrobage du terrain dégagé, lequel demeure propriété de la société, et s’engage à le délimiter au moyen de bornes et de chaînes : c’est cette situation qui prévaut encore aujourd’hui.
1967 (vers) : rachetée pour le franc symbolique à une famille dinannaise, la Tour Beaumanoir devient propriété de la Ville de Dinan.
1969 : aux termes d’un marchandage sur le montant de l’indemnité d’expropriation, la menuiserie Manivel, jouxtant la tour du Connétable par le sud, est démolie en 1969.
Juin 1970 : Gaston Malherbe, 1er adjoint et propriétaire de « la Résidence du Connétable », cède gratuitement à la Ville le dernier petit bout de terrain privatif sur les Petits-Fossés. Yves Blanchot a ainsi achevé le dégagement complet des remparts, depuis la mairie jusqu’au donjon.
30 septembre 1975 : achat, par la Ville de Dinan, de la Tour Penthièvre, auparavant intégrée dans la propriété dite « Maison de la Tour ».
1976 : la Porte Saint-Louis dégagée par la destruction du bâtiment qui la jouxte à l’Est.
Nuit du 17 au 18 janvier 1982 : la Tour Longue s’effondre dans la vallée, dans l’indifférence générale, où elle se trouve encore …
9 octobre 1983 : première « Fête des remparts », à l’initiative de la « Société des amis du musée et de la bibliothèque de Dinan » (SAMB).
11 juillet 1986 : commémoration du 100ème anniversaire du classement des remparts au titre des Monuments historiques.
29 septembre 1987 : achat, par la Ville de Dinan, de la Tour du Gouverneur, surmontée d’une maison d’habitation de trois niveaux, qu’elle va s’empresser de faire disparaitre.
20 janvier 1993 : ouverture du chemin de ronde, de la rue Michel à la rue de l’École.
1993 : dans le cadre des travaux de réaménagement de la place Duclos, dégagement de la base de la Tour sud de la Porte de Brest.
1er juillet 1996 : achat, par la Ville de Dinan, de la Tour Saint-Julien.
6 mars 2001 : achat, par la Ville de Dinan, de la Tour de Lesquen.
Nuit du 6 au 7 juin 2007 : effondrement d’un pan de rempart au bas de la rue du Général-de-Gaulle.
Juin 2008 : réouverture de la Tour (ou Poterne) Cardinal.
2 mars 2015 : après celui survenu dans la nuit du 5 au 6 juin 2007, nouvel effondrement d’un pan de rempart, rue Général-de-Gaulle.
19 et 31 décembre 2020 : double effondrement d’un pan de rempart, d’abord près de la porte du Jerzual, puis sur les Petits-Fossés.
Septembre 2022 : démarrage du chantier de restauration du Rempart Nord, dont la fin est prévue en décembre 2024.
Réfection des Grands-Fossés entre 1968 et 1970
29/9/2023 – Pascal Destouches
En 1968, apparait l’impérieuse nécessité d’élargir la rue Leconte-de-Lisle, qui longe les Grands-Fossés et la Contrescarpe : avec l’ouverture du nouveau lycée de la Fontaine-des-Eaux, elle devient une voie d’accès dont le trafic va sérieusement s’intensifier. En particulier, il va falloir faciliter le croisement des véhicules, sous peine d’encombrements importants aux heures de pointe.
Et pour cela, une seule solution : rogner sur la Contrescarpe. Mais pour que la circulation dans la rue Leconte-de-Lisle soit fluide, il ne faut pas rogner « un peu », il faut rogner « beaucoup » : 2m50 ! Les conséquences sont importantes : les vieux tilleuls qui bordent la promenade ne vont pas supporter qu’on leur coupe leurs racines – ils devront être abattus – et l’escalier qui descend vers la Porte Saint-Malo va devoir être déplacé ! La Contrescarpe courre un vrai risque !
Un mur de soutènement est alors construit tout le long de la rue Leconte-de-Lisle pour soutenir le nouveau talus ainsi rogné. Soixante platanes sont plantés à la place des tilleuls. Des plantations de haies et de millepertuis viennent agrémenter l’ensemble. L’escalier, soigneusement démonté pierre par pierre, est superbement remonté, quelques mètres plus loin, à l’identique : il débouche sur une petite placette fleurie, délimitée par des bornes et des chaines.
Il faudra bien sûr attendre quelques années que les arbres poussent pour redonner à la promenade son caractère ombragé, mais l’ensemble est bien réussi !